L’hiver d’Helliconia, de Brian Aldiss

helliconiawinter_frenchVoici le dernier tome de la trilogie d’Helliconia de Brian Aldiss : L’hiver d’Helliconia, suite d’Helliconia, l’été. Un tome qui conclut assez bien le cycle.

Quelques petits rappels. Helliconia est une planète à deux soleils: Freyr et Batalix. Elle tourne autour de Batalix en 480 jours et accompagne cette dernière dans sa révolution autour de Freyr en 2500 années terrestres. Autour de la planète, orbite Avernus, un satellite chargé de l’étudier pour la Terre. Sur Helliconia, vivent deux espèces intelligentes : les humains et les phagors. Les humains règnent durant les saisons chaudes. Mais lorsque se pointe l’Hiver de la Grande Année, les phagors reprennent le pouvoir. Les humains d’Helliconia doivent alors lutter pour survivre, en attendant un futur Printemps qui n’aura lieu que dans quelques siècles.

L’histoire

L’intrigue se situe au début de l’Hiver et est centrée sur continent nordique de Sibornal. Comme personnage central, nous avons Luterin Shokerandit, fils du Gardien de la Grande Roue de Kharnarbar. Après une victoire militaire sur le continent du sud Campannlat, il contracte, comme beaucoup de ses compagnons, la Mort Grasse. Cette maladie, causée par le virus hélico et transmise par les phagors, tue un grand nombre de personnes mais permet à ses survivants de s’adapter à l’Hiver.

Cependant, l’Oligarchie – régime totalitaire qui gouverne Sibornal – ne voit pas cette maladie d’un bon œil. Prétendant l’éradiquer pour la survie de l’humanité, elle décide d’exterminer l’armée dans laquelle se trouve Luterin, de promulguer des mesures liberticides, et de faire disparaître les phagors du continent.

Pourchassé et luttant pour sa vie, Luterin va entamer une odyssée pour rejoindre sa terre natale de Kharnabar. Dans son voyage, il sera accompagné de Toress Lahl, son esclave qu’il a acquise en tuant son mari, et de Harbin Fashnalgid, un soldat déserteur. Tout au long de ce roman, chaque personnage va chercher à trouver sa place dans l’Hiver qui s’annonce.

Entre-temps, le satellite terrien Avernus entre dans une phase de décadence. Ses habitants ne se soucient plus d’Helliconia et s’adonnent des activités barbares. Leurs signaux vers la Terre deviennent de plus en plus sporadiques, alors que ces mêmes Terriens mènent un nouveau mode de vie utopique, en symbiose avec la Nature.

Impressions et critique

Attention : cette partie contient quelques spoilers

Des trois livres du cycle d’Helliconia, L’hiver d’Helliconia me semble être le plus cohérent. Pas d’éparpillement sur plusieurs lignes d’intrigues, ni d’apparition de personnages à la dernière minute comme dans le second tome. Les seules lourdeurs narratives concernent les passages sur la Terre et Avernus, et il m’arrivait d’avoir l’envie de sauter ces pages-là pour rejoindre l’histoire principale.

Le tome centré sur Sibornal nous fait découvrir une civilisation peu abordée dans les deux livres précédents. Étant la plus évoluée au niveau technologique, elle garde malgré tout des coutumes assez discutables selon notre point de vue. L’esclavage en fait partie, et cela m’attriste de voir que Toress Lahl, descendante de deux grands personnages des premiers tomes, ait fini dans cette situation.

Malgré son avance, Sibornal semble aussi être entré en période de décadence en ce début d’Hiver. Cela concerne particulièrement la condition des femmes. Alors que les tomes précédents nous ont présenté des Sibornaliennes prêtresses, ambassadrices, et même prêtre-soldats de haut rang, celles dans L’hiver d’Helliconia ne peuvent s’épanouir qu’en tant qu’épouses, servantes, prostituées ou esclaves. Cette dégradation de la condition féminine a peut-être été un précurseur de l’Oligarchie à l’époque du roman.

Cette Oligarchie incarne dans ce roman quelque chose de pire que le fanatisme religieux du second tome, et pire que l’ignorance du premier tome. Le “mal”, dans L’hiver d’Helliconia, c’est le totalitarisme. Incarné par l’Oligarchie, il utilise tout prétexte pour contrôler le continent de Sibornal, s’immisçant dans la vie privée des gens et ostracisant les minorités. Pire : en exterminant les victimes et survivants de la Mort Grasse ainsi que les phagors, il supprime consciemment les chances de survie de l’humanité pour l’Hiver à venir.

Selon Aldiss, l’être humain, et donc l’Oligarchie, tendent à aller contre la nature, même s’ils savent qu’un tel acte serait suicidaire. Sa solution pour éviter ce « suicide » serait d’être en symbiose avec la Terre Mère, Gaïa. Cette même Gaïa est à l’origine des connexions entre la Terre et Helliconia, via les âmes des personnes décédées. Même si je n’adhère nullement à l’hypothèse Gaïa, bien plus proche d’une fantaisie New Age que d’une théorie scientifique, la description de l’utopie terrienne et de l’anti-utopie avernienne dans L’hiver d’Helliconia pousse à la réflexion.

Au final, la trilogie d’Helliconia m’a laissé une bonne impression. Un regret : la fin du dernier tome m’a semblé trop abrupte, et quelques pages de plus n’aurait pas été de trop. Comme pour les deux tomes précédents, le devenir des personnages nous est inconnu. La vie que mèneront Luterin et Toress Lahl restera donc un mystère, que seul notre imagination peut éclaircir à notre guise.

Ce livre a été lu dans le cadre du #DéfiLectureScience lancé par @joseenadia de l’Agence-Science-Presse.

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