Continuer à vivre…

Ils ont encore frappé. Cette fois-ci, c’est à Bruxelles. Une ville où j’ai grandi, où je vis, ma ville. Je n’étais pas là, je n’étais pas blessée. Je n’étais pas une victime. Comme pour ces trop nombreux autres attentats, j’avais eu un grand choc et de la tristesse pour les victimes et leurs proches, à qui je rend hommage. Or, cette fois-ci, ce n’est pas vraiment comme ces fois-là. Non, pas du tout. Je peux me persuader de long en large que je pouvais réagir de la même manière que pour les autres atrocités, mais je dois me rendre à l’évidence : ce n’est pas pareil. Cette ligne de métro, je l’empruntais souvent. Cette station à Maalbeek, j’aurais très bien pu y être, à ce moment-là, tout comme à l’aéroport de Zaventem, dont les halls, les terminaux de départs et le Starbucks qui s’y trouve ne me sont point inconnus. Et pourrais-je me dire que c’est pareil, alors que j’ai reçu mardi tant de messages de mes proches inquiets, que je les ai rassurés tout autant ou que moi-même me suis inquiétée pour d’autres, pour être ensuite soulagée de les savoir sains et saufs, avec comme arrière-pensée les incessants « et si… » et « pourquoi… » ? Et quand j’écoute dans les médias, mais particulièrement via des connaissances, des récits atroces du carnage sur place, de la découverte des corps des victimes au milieu des décombres, alors, je prends conscience que ce n’est pas pareil. Ce qui arrive près de chez soi, par la distance ou par la pensée, on le vit différemment. J’étais trop loin pour être directement frappée – devrais-je m’en réjouir ? – mais ce n’était pas comme Paris, pas comme pour les innombrables attentats de par le monde (à Beyrouth, à Tripoli, au Nigéria, en Syrie, en Irak…). Ici, ça me touche plus profondément. Est-ce une attitude égoïste, alors que d’autres souffrent beaucoup plus ailleurs ? Peut-être oui, ou peut-être pas. Maintenant, il faut continuer à vivre, à profiter de chaque instant, comme s’il était le dernier. C’est si dur à le réaliser. Ne pas être paralysé par la peur. Reprendre le goût pour les choses simples, toutes ces banalités quotidiennes qui deviennent tout d’un coup si précieuses. Rire, parler de tout et de rien, s’émerveiller encore pour les petites et grandes choses de la vie, profiter de la présence de ceux et celles que l’on aime. Vivre, vivre, c’est ce que nous pouvons faire, pour combattre les haines et les souffrances.

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