À l’occasion des 60 ans du CERN, une exposition s’était tenue il y a quelques mois à Bruxelles. L’événement tombait à point, vu le très prochain redémarrage du grand collisionneur LHC après plus de deux années d’arrêt technique.
Cette exposition de quelques jours a permis au visiteur de découvrir l’histoire et les réalisations du CERN, avec un accent spécial sur le boson de Higgs, détecté par le LHC en 2012, et sur François Englert, le co-lauréat belge du prix Nobel de physique 2013, pour la découverte théorique de ce boson. C’est aussi l’occasion de découvrir Icecube, le plus grand détecteur au monde des quasi insaisissables neutrinos, et de s’amuser à provoquer des collisions de particules dans le jeu « Proton Shoot ».
Mais l’aspect qui m’a le plus intéressé, c’est la combinaison entre sciences et arts, représentée par les œuvres des artistes d’art@CMS. art@CMS est en fait une initiative « scientifico-artistique » dont le but est de faire découvrir au public la physique des particules, plus particulièrement les réalisations du CMS (Compact Muon Solenoid), un des détecteurs de particules du CERN.
Chaque artiste collaborateur a été accompagné par un scientifique mentor. De cette manière, il possède assez de matériel et d’inspiration pour réaliser ses œuvres d’arts. De mon point de vue, ce sont de très belles œuvres, et j’apprécie particulièrement les peintures de Xavier Cortada. On peut voir que ces artistes s’appuient tout autant sur les aspects esthétiques de la physique des particules que sur ses aspects théoriques et conceptuelles. Par exemple, les trois couleurs rouge, vert et bleu de In Collider de Palo Falco représentent en fait les charges de couleurs des quarks1. Vous pouvez découvrir plus œuvres de ces artistes dans la galerie d’art@CMS.
Le LHC reprendra son activité avec une nouvelle énergie de 13 TeV, contre 8 TeV en 2012. Cette plus grande puissance est porteuse de nombreux espoirs pour les physiciens, des enjeux très difficiles à saisir pour un public non initié. Pour donner une idée intuitive, émotionnelle des découvertes passées et futures du CERN, quoi de mieux que de le faire avec une œuvre d’art!
Notes :
1. Les quarks sont des particules élémentaires qui constituent entre autres les protons et les neutrons du noyaux atomique. Chaque quark possède une charge de couleur, qui peut être « rouge », « vert » et « bleu ». À chaque quark correspond une antiparticule, un anti-quark, qui a la même masse que le quark, mais de charge électrique opposée et possédant une anti-couleur « anti-rouge », « anti-vert » ou « anti-bleu ». Le quark ou anti-quark ne peut pas exister de façon isolée, et doit se combiner avec d’autres quarks ou anti-quarks afin que la somme de leurs couleurs soient « blanc ». Par exemple, un quark « bleu » doit se combiner soit avec un quark « rouge » et un quark « vert » (« bleu » + « rouge » + « vert » = « blanc »), soit avec un anti-quark « anti-bleu » (« bleu » + « anti-bleu » = « blanc ») pour donner une couleur « blanche ». ↑